Comment j’ai entamé ma dé-construction masculine ?

person Posté par: Jexy Gavina list Dans: Déconstruction Masculine Sur: comment Commentaire: 0 favorite Frappé: 1239

À travers cette série d’articles, j’ai la modeste ambition de vous parler de mon rapport au féminisme. Soyons clairs, je n’ai pas de conseils à donner. Les plus radicaux trouveront la démarche naïve et ne m’accorderont aucune légitimité, les frustrés de jeuxvideo.com m’accuseront de pactiser avec le diable. Ajoutez-moi dans le case, je m’en bats les reins puissance 1 000 de vos conneries. Je sais quel chemin j’ai parcouru pour avoir au moins la capacité d’en parler ici. Je ne suis ni un expert, ni un modèle de féminisme et c’est peut-être ainsi que la majorité des hommes pourront plus facilement s’identifier à mon parcours de déconstruction.

Mythes et réalités

Que le chemin fut long et compliqué. Imaginez-vous vous réveiller à 18 ans et découvrir que vous vous êtes assis sur 18 ans de mensonges ? Dans tous les combats militants et humanistes que j’ai pu mener, j’ai découvert le monde à ma majorité. Pourquoi pas avant ? Avant je vivais ma vie de fils d’ouvriers immigrés, je ne me posais pas d'autres questions. J’étais surtout occupé à jouer au football et à me débarrasser de la condition ouvrière dont mes parents avaient hérité. Ne m’en voulez pas, j’ai un profond respect pour le monde ouvrier, mais il n’y a que ceux qui ne l’ont pas vécu de l’intérieur qui l’idéalisent. Mes parents ont tout fait pour ne pas que je me retrouve au four ou derrière une ligne de production, autant vous dire que j’ai sauté sur l’opportunité.

J'ai donc découvert le féminisme après avoir passé mon bac. Un jeune étudiant sans style, utopiste, ringard, beauf, mais avec une soif de justice qui ferait passer Gérard Depardieu pour un enfant de cœur. En 2016, j’écrivais dans cet article "être une femme SDF", que Fraterline était née de ma rencontre avec cette femme qui dormait dans la rue devant mon appartement (ma cage à lapin) lyonnais quand j’étais étudiant. Sans le savoir, j’avais mis le doigt sur la plus belle des injustices du monde occidental. Il n’y a pas d’endroit au monde, où la condition féminine est plus fragile, bafouée, malmenée par le système patriarcal que dans la rue. C’est un cocktail détonnant qui mêle domination, sexe, argent, précarité et dignité humaine. J’en reparlerai volontiers dans un article futur. C’est véritablement depuis ce jour que j’ai commencé à remettre mon existence en question. Cette femme ne sait pas à quel point elle a changé mon regard sur le monde.

Il est grand temps de prendre la parole

Je suis un indigné de naissance. Je ne peux faire comme si rien ne se passait et le #metoo aura eu le mérite de braquer le projecteur sur quelque chose que personne ne peut nier. Il n'y a pas de hiérarchie dans les diverses causes humanitaires. Il y a seulement à travers elles, des individus qui subissent les lois, les mœurs, les idéologies que l'on a construits à travers les diverses civilisations qui se sont succédé.

J'ai longtemps fait partie de la team « notmybusiness », car je ne me sentais à priori pas concerné par le sexisme. Je crois avoir toujours traité d'égal à égal avec les femmes qui ont partagé un bout de ma vie et c'est ce qui m'a fait croire que ces questions ne me concernaient pas. 

La réalité est que nous les hommes, sommes programmés pour réussir dans ce monde qui a été pensé sur-mesure pour nous-mêmes. L'honnêteté intellectuelle serait déjà de l'admettre, tout est plus facile pour nous et pour les femmes complices du système patriarcal (cf : la femme bourgeoise décrite par Simone de Beauvoir dans "le deuxième sexe"). Les changements que nous imposent le féminisme, ne peuvent être effectués uniquement sur un mode passif. Bien entendu, pour remettre en question l'hérédité de nos comportements machistes, cela doit déjà passer par l'écoute attentive et je sais à quel point nous pouvons y être hermétiques. En revanche, nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre qu'une féministe pointe chaque élément problématique pour réagir : les femmes n'ont pas à porter seules, le fardeau de milliers d'années de patriarcat. Il est temps de faire le deuil de nos privilèges et surtout ne pas attendre d'être félicité pour chaque initiative que nous prendrons.

Pour tout vous dire, cela fait plus d’un an que ces papiers virtuels traînent au fond d’un dossier sur mon PC. Le confinement m’aura permis de tout déterrer et d’en parler avec des amies, des proches, très concernées par la question. J’avais peur de :

  1.     1 - Ne pas avoir la légitimité pour en parler.
  2.     2 - Paraître pour un opportuniste.
  3.     3 - Ne pas avoir assez de connaissances sur le sujet.

C’est certainement toujours un peu le cas, mais il est temps d'assumer ce risque. "Être un homme et se dire féministe, c'est déjà un peu sexiste" (Article disponible sur bondyblog). C'est en échangeant avec quelques connaissances féministes engagées qui trouvaient « mon point de vue extrêmement intéressant et différent », que j'ai senti les prémices d'une légitimité. Je sais que je serai taxer d'opportunistes, mais peu importe, j'imagine que c'est le jeu.

À travers la série d'articles à venir, je souhaite déconstruire un à un, les différents mythes sexistes auxquels j'ai été confronté depuis mon enfance, en profitant des milliers de visiteurs qui se connectent chaque semaine sur le site. Je m’attends évidemment parfois à un déferlement de haine, tout ne sera pas parfait, je ferai des erreurs. Merci de votre indulgence et au plaisir d’échanger.

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment!

Laisse ton commentaire

Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre
  • registre

Nouveau compte S'inscrire